Avec l’avènement des appareils photos numériques bons marché ou encore, plus récemment, avec les smartphones dotés d’appareil photo ultra performants, photographier est devenu de nos jours un acte banal et transgénérationnel. Mais parallèlement, jamais autant de gens ne se sont formés à la photographie en vue de se professionnaliser. Comme si la démocratisation de cet art avait fait naître des vocations tout en faisant sauter le pas à ceux qui n’avaient jamais osé se lancer.
L’avantage : la photographie peut toucher une pluralité de domaines. De la prise de vue en studio comme en extérieur, de la photographie d’illustration au reportage en passant par la prise de vue aérienne… Photographier n’a pas de limite ou presque !
Un photographe mais…des photographies !
Une photographie est une image capturée le plus souvent aujourd’hui en mémoire numérique. En mouvement ou immobile, une photographie n’est pas un unique enregistrement du monde visuel : elle peut être éditée et transformée de manière infinie.
On a coutume de classer les différents types de photographie en fonction de ce qui se trouve du côté opposé de l’objectif. Il y a trois sujets principaux que l’on peut photographier : les gens, la nature et les choses. Les images qui en résultent peuvent représenter des scénarios réels ou construits et avoir une fin commerciale ou artistique.
Photographie de portrait
Dans la catégorie gens, il y a un procédé incontournable et largement usité : la photographie de portrait. C’est l’un des genres les plus répandus. Il consiste en un travail de jeu sur la lumière et les ombres. Un même personnage peut être aussi effrayant que paisible juste en modifiant des aspects techniques et de la mise en scène.
Capturer la personnalité et l’émotion des personnes fait aussi partie de cet exercice. Dans la famille des portraits, il y a une multitude de possibilités : portrait artistique ou intellectuel, social, le portrait documentaire, le portrait familial, l’autoportrait, le portrait de groupe, …
Habituellement, le portrait implique que le sujet regarde directement dans l’appareil photo du photographe. De nos jours, cependant, de nombreux photographes de portraits bousculent les codes. Regarder l’objectif n’est plus le seul angle de prise du photographe de portrait.
Photographie de mode
Le photographe de mode lui, peut photographier des objets, des gens, il est un peu le caméléon de son art. Il peut shooter en extérieur avec de la lumière naturelle ou en studio avec de la lumière artificielle. La photographie de mode se concentre sur la présentation de vêtements et d’articles de mode. Comprendre les nouvelles tendances, en créer de nouvelles et utiliser les anciennes comme source d’inspiration sont des techniques importantes à apprendre. Les photographes ne s’assurent pas seulement que la bonne photo a été prise, ils vérifient également les vêtements, les cheveux et le maquillage des modèles. Les magazines de mode consacrent des budgets astronomiques à la photographie. C’est LEUR vitrine !
Photographie produit
Photographier des choses peut faire référence à de la nature morte. Dans ce domaine, le photographe travaille principalement dans la publicité et la création de campagnes pour des produits de tous horizons. A l’instar de la photographie culinaire qui a pris une ampleur phénoménale via les réseaux sociaux en quelques années. Le stylisme et la photographie culinaire mettent l’accent sur l’harmonie des couleurs, le style, l’organisation avec des matières à la durée de vie souvent limitée.
Wikipedia en donne la définition suivante : « La photographie culinaire est un type de photographie professionnelle d’illustration spécialisé en nature morte et visant à réaliser des images attrayantes afin d’utiliser ces dernières dans des publicités, dans l’emballage, dans des menus ou des livres de recettes ou encore sur le web ».
La photographie culinaire professionnelle fait intervenir plusieurs acteurs comme un directeur artistique, un styliste culinaire ou bien un accessoiriste. Cette définition résume bien la puissance que l’image culinaire peut refléter. A travers elle, on doit tout simplement se mettre en appétit.
Photographie architecturale
La photographie d’architecture possède également sa propre approche de la photographie. Sens du détail, travail de lumières naturelles, jeu de perspectives. La subtilité de la photographie architecturale est de trouver un moyen de réunir les deux extrêmes dans la même image : détail et sujet fort. Tandis que la photographie de portrait crée facilement une ambiance avec l’expression sur le visage d’une personne, en photographie architecturale, il faut créer une ambiance ou une sensation en utilisant la lumière ou des angles spéciaux. Par exemple, on peut exploiter la lumière du soleil en projetant des ombres sur la scène ou créer l’éclairage soi-même avec des moyens techniques.
Photographie immobilière
Des moyens techniques qui sont cependant minorés pour la photographie immobilière. Nul besoin de dépenser une fortune en équipement (un appareil photo de bonne facture est néanmoins recommandé). Il faut maîtriser les bases : exposition, netteté, contraste et cadrage. Le principe est d’éviter de surexposer ou de sous-exposer ses images. Trouver le juste milieu pour donner envie à celui qui regarde la photo de poser ses valises à cet endroit. En tant que photographe immobilier, vous n’avez pas besoin d’effets de fantaisie tels qu’une faible profondeur de champ ou un arrière-plan flou. Tout doit être net dans la scène.
On aborde la photographie des propriétés de luxe différemment. On se rapprochera des caractéristiques de la photographie d’architecture. Le but là aussi est de faire ressentir une atmosphère, une ambiance. C’est le cas lorsque l’on voit des photos du Palais Bulles, célèbre maison de la corniche de l’Estérel, située à Théoule-sur-Mer.
Photographie aérienne
Enfin, il y a la nature, avec un éventail de domaines, tels que le paysage, la faune, la flore et la photographie aérienne ou sous-marine. L’engouement pour la photographie aérienne par drone ne cesse d’augmenter. En effet, nombreux sont les photographes et les vidéastes attirés par cette technologie y trouvant l’outil ad hoc pour surmonter les difficultés qu’ils rencontrent. Ainsi, la prise de vue de zones inaccessibles, la réalisation des travellings, … Tout ce qui relevait jusque-là de la pure fantaisie, est désormais possible avec cet aéronef. Mais avant emploi, cet outil nécessite un savoir-faire bien spécifique. Techniques de pilotage et de cadrage, plan de vol, conditions météo, luminosité sont autant d’éléments à considérer avant de tutoyer le ciel. En outre, la photographie avec un drone exige parfois la collaboration de deux personnes, d’où la nécessité de beaucoup d’entraînement et de patience. Bonne nouvelle : le drone est de plus en plus appelé en renfort dans les unités de tournage : fictions, documentaires, reportages, le plan aérien est un «must» dont toutes les productions raffolent.
Tous les pans de la photographie d’objet reposent sur un binôme : travail de matières et techniques d’éclairage. En maîtrisant cela les photographes en devenir ou les plus aguerris peuvent affiner et déterminer leur terrain de jeu favori au fil de leurs expériences.
Photographe reporter : arrêt sur image
S’il y a un genre à mettre en exergue et qui comporte ses propres codes, c’est bien celui de photographe reporter. L’essence même de ce métier est de transmettre la vérité au sens littéral du terme. Contrairement aux genres créatifs, la photographie dite aussi de presse doit capturer la vérité et les faits purs, et ne peut donc pas subir presque n’importe quel type de montage. Ces images ne visent en aucun cas à être artistiques, car elles ne fournissent généralement qu’un enregistrement des événements. On peut être photographe reporter pour des documentaires, des photographies de voyage.
Le photojournalisme (ou reportage) produit aussi des images de guerre et d’événements politiques pour les agences de presse et les médias, ce qui signifie que ce type de photographe doit être préparé à un danger possible et, surtout, doit être précis et rapide dans l’exécution et le traitement des images à fournir.
Quelques photographes célèbres ont donné ses lettres de noblesse à cette catégorie tels que Raymond Depardon (photojournaliste), Joseph Koudelka connu pour sa photographie de rue, ou encore Martin Parr (photographe documentaire britannique).
On peut également citer les pères fondateurs de l’agence Magnum que sont Robert Capa et Henri Cartier-Bresson.
Photographe sportif
Des règles similaires s’appliquent également aux photographes sportifs. Dans cette catégorie, il existe également des aspects moins connus, tels que la photographie scientifique, la photographie d’événement, et même l’imagerie par espionnage et satellite, à des fins militaires.
Enfin, il faut toujours garder à l’esprit que l’on travaille pour un genre photographique et que le style lui doit être un attribut du photographe. Cela représente les choix techniques et esthétiques qu’il fait au cours du processus de création d’une image. Certains genres ont des règles claires en la matière et laissent peu de place à l’expérimentation, mais d’autres l’encouragent fortement.
En ce qui concerne les aspects visuels, nous avons le choix entre la couleur et le noir et blanc, différentes techniques de prise de vue telles que le time-lapse, l’exposition longue et double, la mise au point, les objectifs macro ou grand angle, pour n’en nommer que quelques-uns. Naturellement, la photographie s’inspire également des grands mouvements artistiques tels que le surréalisme (Man Ray, Salvador Dali), l’abstrait, le minimalisme…
Les 10 termes à connaître pour se lancer en photographie
Vitesse d’obturation
La vitesse d’obturation est mesurée en secondes pendant lesquelles l’obturateur est ouvert pendant la prise de vue. Des vitesses d’obturation plus rapides permettent d’enregistrer moins de lumière et vous permettent également de geler un instant pour une prise de vue d’action. Les reflex numériques peuvent prendre des photos au 1/8000e de seconde au plus vite et sont capables de régler une exposition longue avec l’obturateur ouvert pendant plusieurs secondes.
ISO
ISO signifie International Standards Organisation, qui ne vous dit pas grand-chose sur son objectif. La chose importante à savoir est que l’ISO détermine la sensibilité de l’appareil photo à la lumière. Plus le nombre ISO est faible, moins l’appareil photo est sensible à la lumière. Des paramètres ISO plus élevés peuvent être utilisés dans des situations de faible luminosité, mais une pression ISO trop élevée peut entraîner des images granuleuses. En règle générale, il est préférable d’utiliser le réglage ISO le plus bas possible en fonction de la lumière ambiante et de la lumière introduite.
Ouverture (F-stop)
L’ouverture (mesurée en nombres f-stop) est la taille de l’ouverture de l’objectif. Plus l’ouverture est large, plus le nombre de diaphragmes est bas et plus la lumière pénètre. Une ouverture étroite a un nombre de diaphragmes plus élevé et moins de lumière pénètre.
Balance des blancs
Différentes sources de lumière affectent l’équilibre des couleurs sur les photos. Il est important d’obtenir un réglage de balance des blancs précis sur votre appareil photo afin que les couleurs soient reflétées avec précision. Une charte gris neutres peut être un outil pratique pour vous aider à obtenir la bonne balance des blancs.
Exposition
L’exposition détermine la luminosité ou l’obscurité d’une image. Une image sous-exposée ne reçoit pas suffisamment de lumière tandis qu’une image surexposée reçoit trop de lumière. L’utilisation de la vitesse d’obturation, de l’ouverture et de l’ISO correctes vous aidera à maintenir une exposition correcte.
Focus
Zone de l’image la plus nette et la plus détaillée. En règle générale, c’est le premier endroit
où vont les yeux du spectateur. La technologie de l’appareil photo permet au point focal d’être situé n’importe où dans le cadre d’une image. La mise au point ne doit pas nécessairement être au premier plan.
Histogramme
Un histogramme est un graphique qui montre l’exposition de vos photos. En se déplaçant de gauche à droite, le graphique affiche des tons foncés jusqu’aux hautes lumières. Une exposition appropriée à une courbe en cloche bien équilibrée avec un mélange de tons foncés, d’ombres, de tons moyens et de reflets.
RAW
Lorsque vous photographiez en RAW, votre appareil photo ne traite pas du tout l’image (contrairement à la prise de vue en mode JPEG). Cela signifie que toutes les informations reçues sont enregistrées. Les fichiers RAW sont généralement des fichiers beaucoup plus volumineux, mais permettent un réglage en post-production.
Règle des tiers
La règle des tiers suggère de placer les points focaux d’une image à l’intersection d’une grille imaginaire divisée en trois parties, horizontalement et verticalement. Placer des points focaux sur ces intersections permet à l’image d’avoir un équilibre au lieu d’être trop focalisée sur une zone.
Blown Out (surexposé)
Lorsqu’une image est «soufflée», cela signifie qu’une partie – ou la totalité – de la photo est surexposée à un point où aucune information n’est enregistrée. Sur un histogramme, le noir pur est une valeur de 0 et un blanc éclaté de 255. On considère toute information enregistrée à 255 comme «éclatée».
Focus sur le statut de la profession
Si les contours de la profession d’un point de vue technologique ont été redessinés au fil du temps, on observe que le nombre de photographes a augmenté de 50% sur les 15 dernières années. Une vaste enquête réalisée par le Ministère de la Culture et de la Communication (mai 2015) révèle également que cette hausse est régulière depuis les années 90. Signe d’un engouement pour le métier de photographe. L’arrivée en force du numérique a fait vaciller les droits d’auteurs
Quant au statut, on remarque que
- les «auteurs-photographes» sont largement majoritaires,
- s’en suivent les salariés/pigistes de la presse
- et enfin les auto-entrepreneurs/artisans.
Mais la plupart des photographes doivent désormais cumuler plusieurs statuts afin de pouvoir satisfaire un éventail de clientèle plus important. Car si le métier a évolué en nombre, être photographe peut constituer un vrai casse-tête administratif.
Environ les deux tiers des photographes professionnels sont travailleurs indépendants ce qui englobe une grande diversité de statuts, tant fiscaux que sociaux. Beaucoup ont d’ailleurs choisi de se mettre en auto-entreprise. Ce qui fait peser une menace notamment sur les droits d’auteur jusque là « chasse gardée ».
Les droits d’auteurs
Selon l’étude du Ministère de la Culture et de la Communication : « Les droits d’auteurs sont devenus un enjeu important pour les professionnels. L’apparition de photographies improprement intitulées « libre de droits » a marqué l’ouverture de la déréglementation liée à la mondialisation du marché et déstabilisé les protections qu’assurait jusque là le droit français. La cession des droits, appliquée lors d’une rémunération au forfait, tend ainsi à se substituer au modèle classique et une partie de la presse se fait l’écho depuis plusieurs années de l’usage abusif de photographies publiées avec la mention droits réservés (DR) ». Trouver sa place dans ce contexte de plus en plus ouvert est devenu l’un des principaux enjeux de la professionnalisation des photographes. A noter que ceux qui se sont lancés dans la profession ne font que très peu machine arrière. Car avant tout la photographie est souvent synonyme de passion.
Chiffres clés
Quelques données pour avoir une vision globale :
90% des photographes travaillent seuls et seuls 3% dans un collectif.
89 % des photographes enquêtés sont artistes auteurs, 10 % sont salariés de la presse, 7 % sont auto-entrepreneurs, 4 % artisans.
Entre 1995 et 2012, le nombre de photographes pros a augmenté de 37%: +25% pour les hommes et +85% pour les femmes
40% des images produites sont des portraits, suivis du paysage (17%) et du grand reportage (13%).
58% des photographes sont positifs sur le développement des technologies numériques
La vente de prestations photos aux entreprises (corporate) reste le plus grand secteur de la photo.
Le marché du travail
Une majeure partie du travail se déroule en Île-de-France.
Le marché du travail du monde la photographie apparaît parfois instable. Mais la multiplication des canaux de diffusion n’a parallèlement jamais été aussi dynamique.
Si certains voient la profession se ternir, d’autres soufflent un vent d’optimisme.
En témoigne cette infographie qui condense parfaitement la répartition du travail du photographe d’aujourd’hui.